Une économie tunisienne "souffrante".

Publié le par Chedli Ben Messaoud

Après une longue période d’hésitation, l’agence de notation américaine Standard & Poor’s (S&P) a finalement décidé de dégrader la note souveraine d’un cran passant de « BBB » à « BBB- » assortie d’une perspective « Stable » contrairement aux autres agences qui ont choisi non seulement de dégrader la note mais aussi de mettre une perspective négative.

 

La perspective stable était alors justifiée par le fait que « les incertitudes politiques et les pressions économiques à court terme étaient mitigées par une flexibilité qui résulte d’un faible déficit budgétaire et endettement externe ». Elle était surtout justifiée, à mon sens, par une conviction que la crise politique serait de courte durée et que le peuple tunisien était relativement homogène laissant croire à un risque très faible voire négligeable de division.

 

Mais depuis, cette dernière action de notation en Mars 2011, beaucoup de choses ont changé. 

-          La crise politique qu’on pensait d’une courte durée s’est avérée être une crise majeure avec : 1) l’autorisation de plus d’une centaine de partie politiques (pour une population de 11 million d’habitants) crée pour certain par des opportunistes qui ont saisi la circonstance du vide politique pour occuper du terrain ; 2) un gouvernement transitoire qui certes gère le pays et évite qu’on se retrouve dans une situation de chaos mais qui lui-même crie son illégitimité et refuse d’engager le pays sur des projets de moyen terme laissant ça à l’assemblée constituante qui sera élu si les élections prévues pour Octobre se tiennent effectivement à cette date. 

-          La crise économique s’est avérée plus sérieuse que ce qui a été initialement prévu avec un taux de croissance anticipé entre 0% et 1%, par rapport à un taux initial anticipé de 2%-3%, et des déficits du compte fiscal et externe qui ont augmenté sensiblement par rapport aux chiffres auxquels nous étions habitués. 

-          La crise en Libye qui non-seulement impacte notre économie via les exports directs et indirects, le tourisme, etc. mais aussi notre stabilité sociopolitique avec un nombre élevé de ressortissant Libyens en Tunisie avec un statut qui reste à clarifier.

 

Ces développements ont malheureusement entraîné une révision de la perspective de la note Tunisienne de Stable à Négative.

 

Conclusion : Quelque soit le gouvernement qui sera mis en place, il trouvera beaucoup de difficulté à trouver des crédits à un taux d’intérêts acceptable.

 

Et, sans crédit,  pas de croissance,  pas d’investissements,  pas d’embauche, et  fatalement une crise économique !

 

Il est donc nécessaire, voire vital, qu’il y ait reprise et redynamisation de la vie économique, grâce à laquelle, nous allons retrouver une croissance « correcte » (de l’ordre de 5%).

Ce qui nous permettra, justement, de retrouver, à nouveau, des crédits à taux raisonnable.

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